XVIIe / Ajaccio – Maison de Napoléon Bonaparte
Maison natale de Napoléon Bonaparte. Photos © François Fiette.
Coordonnées GPS : Altitude (données GPS) : ± 8 m.
41.918081, 8.738529 ou N 41°55’5.168’’ E 8°44’18.917’’
Adresse : Rue Saint-Charles, 20000 Ajaccio. Inscrite/Classée Monument Historique : Oui.
Le site
Un beau jardin arboré situé en face vous rafraichira et vous permettra de patienter agréablement, car une file d’attente à l’entrée de cette maison est à prévoir en période estivale. C’est en effet l’un des sites historiques les plus fréquenté d’Ajaccio ! Voir en supra, si besoin, « Le stationnement à Ajaccio ».
Un peu d’histoire
Construite au début du XVIIe siècle, cette demeure était à l'origine la maison des Bozzi, une famille féodale influente en Corse. À cette époque, elle ne comptait que deux étages. Les Bonaparte en deviennent propriétaires progressivement.
En 1682, Giuseppe Buonaparte épouse Maria Bozzi et s'installe dans la maison. Il y occupe la moitié, soit environ 160 m². Au fil des mariages et des successions, la famille Bonaparte acquiert la totalité de la propriété en 1773, à la suite du divorce entre Maria Rosa Bozzi et Napoleone Buonaparte, ainsi qu'après un procès qui s'ensuivit.
En 1774, Charles Bonaparte, père de Napoléon, fait construire une terrasse. Par la suite, plusieurs travaux sont entrepris : la toiture, les planchers, les fenêtres et les portes sont remplacés, et l'escalier en bois est substitué par un escalier maçonné.
Le 15 août 1769 (bien que la date soit sujette à débat parmi les historiens), Napoléon Bonaparte voit le jour dans cette maison, qui compte alors un étage supplémentaire par rapport à sa structure d'origine. Il y passe les neuf premières années de sa vie.
Son père, Charles Bonaparte, cherche désespérément à faire reconnaître la noblesse de sa famille. Après avoir essuyé un refus des Génois, il se tourne vers le comte de Marbeuf, commandant des troupes françaises en Corse. Finalement, le roi Louis XV accorde cette reconnaissance en 1771, après la bataille de Ponte-Novo de 1769. Ce statut noble s’avérera décisif pour l’avenir de Napoléon, comme nous allons le voir.
Une pièce, surnommée la "cabane de mathématiques", est aménagée près de la chambre de Napoléon pour lui offrir un espace de travail calme. Grâce à une bourse, il poursuit ses études à l’école militaire de Brienne de mai 1779 à octobre 1784. Cette école, réservée aux nobles, n’aurait pas été accessible sans la reconnaissance de leur titre. Ainsi, sans cette noblesse, l’histoire de France aurait pu suivre un tout autre chemin.
Dans la chambre dite de Napoléon, une trappe dissimulée sous un placard menait aux pièces du rez-de-chaussée et à la rue. En 1799, Napoléon utilise cette issue secrète pour échapper à l’enthousiasme débordant des habitants d’Ajaccio.
Au fil des années, d'autres pièces sont acquises pour agrandir la maison, renforçant ainsi la position sociale des Bonaparte dans la société ajaccienne.
En 1790, rejetant la Terreur révolutionnaire, Pascal Paoli tente de rapprocher la Corse de l’Angleterre et poursuit les Bonaparte, qui trouvent refuge à Marseille in extremis. La maison est alors pillée et réquisitionnée par les Anglais, qui l’utilisent comme dépôt d’armes et de fourrage. Fait ironique, Hudson Lowe, futur geôlier de Napoléon à Sainte-Hélène, logeait au premier étage !
En 1796, la situation bascule : les Anglais sont expulsés de Corse par les généraux de Napoléon Bonaparte. Napoléon écrit alors à son frère Joseph : « Mets en ordre nos affaires domestiques, surtout notre maison d'habitation, que je désire voir en bon état, digne d'être habitée. » Cette même année, Joseph achète l’appartement du deuxième étage.
En janvier 1797, le Directoire décide d’indemniser les familles corses restées fidèles à la France. La sœur de Napoléon, Letizia, retourne en Corse. Joseph Bonaparte fait appel à l’architecte suisse Samuel-Etienne Meuron, chargé des fortifications d'Ajaccio, pour réaliser des travaux. La maison est alors transformée : une magnifique salle de bal et de réception est aménagée, un nouvel escalier est installé, et les meubles adoptent un style mêlant Directoire et influences italiennes.
Lors de son retour d’Égypte, Napoléon séjourne brièvement dans la maison, de septembre à octobre 1799. Ce sera sa dernière visite à Ajaccio. Il écrit : « J'y logeais, ainsi que tout l’État-major. Il y avait une grande galerie. Je donnais à dîner à quarante personnes. Tout le monde s'y trouva bien. »
Après son départ, la nourrice de Napoléon, Camilla Illari, est chargée de l’entretien de la maison. En 1805, Napoléon, souhaitant se défaire de ses biens corses, envisage de lui céder la maison. Cependant, Letizia s’y oppose, invoquant l’importance historique de ce lieu pour la famille. Finalement, elle est donnée à André Ramolino, un cousin, et reste ainsi dans le patrimoine familial des Bonaparte.
Sous le Second Empire, Napoléon III entreprend la restauration de l’immeuble, progressivement dégradé. Les travaux sont confiés à Alexis Paccard, architecte du Palais de Fontainebleau, assisté par Jérôme Maglioli, architecte décorateur originaire d’Ajaccio. Napoléon III récupère les meubles, précédemment dispersés lors de ventes, parmi lesquels figurent des pièces ornées de pierres précieuses. Les travaux de restauration sont achevés et réceptionnés en 1860.
Confisquée en 1870, la maison est ensuite restituée au prince Victor Napoléon, fils d’Eugénie de Montijo. En 1924, celui-ci en fait don à l’État. Devenue musée en 1967, elle est désormais rattachée à la Direction des Musées de France. Les décors peints par Jérôme Maglioli ont bénéficié d’une restauration complète en 2016.
Le musée retrace l’histoire de la famille Bonaparte, avec un accent particulier sur l’évolution de l’édifice, davantage que sur la vie de l’Empereur lui-même.
Classée Monument Historique depuis 1924, la Maison Bonaparte se distingue par son remarquable état de conservation. Elle est aujourd’hui propriété de l’État.