Animée d’un véritable attachement à la ville d’Ajaccio, qu’elle envisageait comme une « station d’hiver » dédiée à une clientèle anglaise aisée, Miss Campbell entreprit de faire édifier, en 1878 et sur ses fonds personnels, l’église anglicane de la Trinité, située sur le cours Grandval (actuellement reconvertie en école de danse).

Miss Campbell résidait en Corse en compagnie de Bernard Bradshaw et d’un Allemand du nom de Strasser-Ensté, deux personnalités controversées. Ces derniers devinrent successivement, à travers des procédures judiciaires, les héritiers de tous les biens de Miss Campbell décédée en 1888 à Genève. À la suite de ces événements, dans les années 1890, Strasser-Ensté entreprit la construction de l’Hôtel Cyrnos-Palace, qui fut considéré comme l’un des plus prestigieux établissements hôteliers d’Ajaccio. Tous les matériaux nécessaires à la construction furent importés directement d’Angleterre. L’hôtel reçut ses premiers clients en 1896.

Miss Campbell jouissait d’une réputation partagée parmi les Ajacciens : certains la considéraient comme une bienfaitrice étrangère soucieuse du développement de la ville, tandis que d’autres la percevaient comme autoritaire et s’immisçant excessivement dans les affaires locales.

Aujourd’hui, la rue portant son nom fait face à des défis, notamment avec l’état préoccupant de l’Hôtel Cyrnos-Palace. La façade se détériore, laissant apparaître des briques, et l’état des volets contribue à l’atmosphère générale de délabrement.

L’intérieur ne fait guère meilleure impression. Bien que les appartements aient été réhabilités, les parties communes n’ont pas encore bénéficié d’une restauration appropriée. La fresque en trompe-l’œil de l’escalier est dans un état dégradé, tandis que des infiltrations d’eau détériorent progressivement l’édifice.

Le raffinement et l’élégance qui caractérisaient ce lieu au début du XXe siècle ne sont plus perceptibles. Les habitants, par ailleurs, ont frôlé un arrêté de péril en raison de cette situation.

Cependant, des efforts ont été entrepris pour remédier à ces problématiques. La toiture a été rénovée, et divers autres travaux sont programmés. À ce jour, plus de 300 000 euros ont été investis avec le soutien de la Collectivité de Corse.

Comme pour toute restauration de Monuments Historiques privés, le processus nécessite des consultations approfondies et des accords préalables entre le Syndic, les copropriétaires, la direction régionale des affaires culturelles (DRAC), et l’Architecte des Bâtiments de France. Ces démarches, encadrées avec rigueur, incluent des visites de conformité après chaque phase des travaux, étendues parfois aux parties de l’immeuble non inscrites à l’inventaire des Monuments Historiques.

Les artisans hautement qualifiés doivent se conformer aux instructions de l’architecte chargé du projet, une tâche particulièrement complexe étant donné les différences entre les techniques de construction actuelles et celles employées à l’époque.