VIe / Ajaccio – Baptistère paléochrétien de Saint-Jean 

Baptistère paléochrétien de Saint-Jean en travaux (août 2023).  Photo © François Fiette.

 

Coordonnées GPS : Altitude (données GPS) : ± 8 m. 

41.929278, 8.737444 ou 41°55'45.4"N 8°44'14.8"E

Adresse : 20bis, Boulevard Dominique Paoli, 20090 Ajaccio. Inscrit/Classé Monument Historique : Oui (2013).

 

Le site

Ce site, entièrement remanié et pédestre, est inauguré en juillet 2025. Voir, si besoin, « Le stationnement à Ajaccio ». 

Les vestiges sont protégés par un vitrage parfaitement transparent constituant un « Antiquarium » (inspiré de celui de Séville). L’entreprise qui l’a réalisé a également fabriqué les triangles de verre de la pyramide du Louvre à Paris et le plancher du premier étage de la Tour Eiffel. Une petite place en gradins entoure l’ensemble qui est accessible jour et nuit. 

 

Un peu d’histoire

En 2005, la construction d’un parking au cœur d’Ajaccio a offert aux archéologues une découverte exceptionnelle : des lieux de culte antiques, notamment un baptistère datant du Ve ou VIe siècle. Ces fouilles, menées dans le secteur historique de la ville, ont mis au jour un ensemble d’édifices connus sous les noms de « Saint-Jean » et « Saint-Euphrase ». Selon les spécialistes, les reliques de Saint-Euphrase auraient traversé la Méditerranée au Ve siècle, portées par le clergé africain fuyant les persécutions vandales.

Ce baptistère, rattaché à la première cathédrale d’Ajaccio, est remarquable par son état de conservation. Il comprend un grand bassin en forme de croix mesurant 2,70 x 1,40 mètres, avec une profondeur de 1,34 mètre, conçu d’après les modèles des baptistères d’Afrique du Nord et de Dalmatie. Plus tard, il a été remplacé par une petite cuve, sans doute pour s’adapter à l’évolution des rites religieux. L’édifice lui-même comportait une abside mesurant 4,60 x 3,50 mètres.

Toutefois, la localisation exacte de cette ancienne cathédrale, considéré comme le plus ancien lieu de culte chrétien de la ville, reste à ce jour un mystère.

Au fil des siècles, le baptistère a cédé la place à un cimetière médiéval comprenant plus de quatre-vingts sépultures différentes, qui s’est progressivement organisé, jusqu’au XVIe siècle. Les squelettes, bien conservés, révèlent des hommes et des femmes âgés de 16 à 40 ans.

Les fouilles ont également permis de découvrir de nombreux fragments de céramiques, confirmant que le site était intégré aux réseaux commerciaux méditerranéens des VIe, VIIe et VIIIe siècles. Par ailleurs, des traces d’activités métallurgiques y ont été identifiées.

Grâce aux travaux d’archéologie préventive menés par les équipes de l’INRAP sur une superficie de 1 000 m², rue du Docteur Pellegrino, notre compréhension de la période charnière entre l’Antiquité et le Moyen Âge s’est nettement enrichie. La présence d’un siège épiscopal à cet emplacement est attestée par une lettre du pape Grégoire Ier, dit Grégoire le Grand (540 – 604), datée de l’an 601.

Ces découvertes archéologiques, rares et d’importance nationale, ont toutefois été en partie oubliées après la construction de bâtiments industriels sur le site dès 1938.

L’accessibilité à ces vestiges a longtemps été compromise. La raison ? En 1938, lors de travaux dans une scierie du quartier Saint-Jean, un sarcophage romain exceptionnel datant du IVe siècle a été découvert. Ce sarcophage, orné d’une iconographie chrétienne rappelant le motif du « Bon Pasteur », était scellé au béton depuis 1961 dans le dallage du hall d’honneur de la préfecture, au Palais Lantivy. En mars 2025, un accord entre la ville et la préfecture a permis son extraction, après une opération délicate supervisée par deux restauratrices spécialisées, Louise Rouillé et Lucie Antoine. Le sarcophage en marbre de Carrare, pesant une tonne et mesurant 1,85 mètre sur 53 centimètres, était ancré dans une épaisse base de béton. Aujourd’hui, ce trésor a retrouvé sa place dans l’Antiquarium, proche de son lieu d’origine.

Composé de douze fragments réassemblés et restaurés en 1960, le sarcophage a récemment été renforcé et poli pour retrouver son éclat d’origine. Ses sculptures représentent des scènes évoquant le cycle de la vie, les saisons et des paysages bucoliques mettant en valeur le défunt.

Le 15 septembre 2024, lors de sa visite pastorale en Corse, le pape François s’est arrêté longuement devant les vestiges de ce baptistère, soulignant l’importance historique et spirituelle de ce site unique.

 

Le Palais Lantivy est cité à la page « XIXe / 1826 / Ajaccio – Palais Lantivy ». 

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