XVIe / 1582 / Ajaccio – Cathédrale Notre-Dame-de-l'Assomption
Ajaccio - Cathédrale Notre-Dame-de-l'Assomption (sept. 2023). Photos © François Fiette.
Coordonnées GPS : Altitude (données GPS) : ± 6 m.
41.917177, 8.737730 ou 41°55'01.8"N 8°44'15.8"E
Adresse : Rue Forcioli Conti, 20000 Ajaccio. Inscrite/Classée Monument Historique : Oui.
Le site
La cathédrale est située au cœur de la ville basse. Une belle placette met en valeur l’édifice.
Voir en supra, si besoin, « Le stationnement à Ajaccio ».
Un peu d’histoire
La cathédrale Notre-Dame-de-l’Assomption, inspirée de l’esthétique des églises vénitiennes du XVIe siècle, fut achevée en 1593. Cette œuvre de la Renaissance est attribuée à Giacomo della Porta, architecte attitré du pape Grégoire XIII. Elle fut construite pour remplacer la petite église Sainte-Croix. C'est également dans cette cathédrale que Napoléon Bonaparte fut baptisé le 21 juin 1771.
Particulièrement remarquable pour sa coupole, rare sur l’île, la cathédrale a été classée Monument Historique en 1906. Elle est aujourd’hui propriété de la Collectivité de Corse.
Une inscription latine gravée au-dessus de la porte principale se traduit ainsi :
« Cette église sacrée fut édifiée grâce aux revenus de la mense épiscopale, après que le siège soit resté vacant pendant cinq ans. Elle fut érigée selon les vœux du peuple pieux d’Ajaccio, avec l’approbation du Sénat de Gênes et la bénédiction du pape Grégoire XIII. Jules Giustiniani, nommé évêque par Sixte-Quint, posa la dernière pierre en 1593. Que ne lui fut-il permis de poser la première ! »
La dernière phrase met en évidence que les plans initiaux prévoyaient une construction plus ambitieuse, qui ne fut finalement pas réalisée.
Avant l’édification de cette cathédrale, plusieurs autres lieux de culte avaient vu le jour à Ajaccio entre le VIe siècle et la fin du XVIe siècle. Parmi eux, on note « San Frosi », mentionné dès 1192 dans des documents historiques, à proximité du baptistère paléochrétien de Saint-Jean.
En 1453, l’Office de Saint-Georges, administrant alors la Corse pour le compte de Gênes, entreprit la construction d’une nouvelle ville sur le site d’Ajaccio. En 1520, le chantier d’une cathédrale débuta, mais fut rapidement interrompu. Les autorités génoises préférèrent préserver la séparation entre la citadelle et la ville, ce qui mena à la destruction des premières fondations.
En 1559, les habitants d’Ajaccio demandèrent à Gênes la construction d’une cathédrale capable de rayonner sur toute la cité. Après avoir récolté les fonds nécessaires, le choix se porta sur une architecture de style ligure. Ce n’est qu’en 1587, soit vingt-huit ans après le début des travaux, que le gros œuvre fut achevé.
Cependant, la cathédrale fut ensuite laissée à l’abandon, marquant une période d’incertitude dans son histoire.
Au XVIIIe siècle, les tombes attenantes à la cathédrale dégagent une odeur si insupportable que les habitants d’Ajaccio pressent l’évêque d’intervenir pour effectuer les réparations nécessaires. Ces travaux sont finalement réalisés en 1790.
En 1813, le grand autel est offert par Élisa Bonaparte, sœur de Napoléon Ier. Il remplace l’ancien autel génois datant du XVIIe siècle. Avant la construction de la chapelle impériale, la famille Bonaparte disposait de son caveau au sein de cette cathédrale.
En 1863, Napoléon III commande la restauration et l’agrandissement de la cathédrale. Il est alors prévu de l’orienter vers l’est afin qu’elle fasse face à la maison Bonaparte, au prix de la destruction de plusieurs immeubles. Cependant, la chute du Second Empire met un terme à ces ambitieux projets.
L’ornementation intérieure de la cathédrale reste relativement sobre, faute de moyens financiers pour créer un décor plus somptueux. Les murs sont agrémentés de peintures en trompe-l’œil, tandis que seules les chapelles latérales présentent un travail plus élaboré, financé par de riches particuliers ou des confréries. Dans la première chapelle à gauche, on peut admirer le tableau « La Vierge du Sacré-Cœur », peint en 1821 par Eugène Delacroix, alors âgé de 23 ans. Ce chef-d’œuvre, offert par le roi Charles X en 1827, préfigure le célèbre « La Liberté guidant le peuple » du même artiste. Cette chapelle a été érigée à la mémoire du fils unique de Pierre-Paul d’Ornano, colonel corse au service de Venise au XVIe siècle.
En 2021, le tableau bénéficie d’une restauration indispensable. Placé trop près de nombreuses bougies, il avait été altéré par les fumées d’un incendie ayant touché la cathédrale en 1995. À l'origine destiné à la cathédrale de Nantes, où il devait être exposé en hauteur en contre-plongée, le tableau avait une forme rectangulaire. Pour s’adapter à la chapelle actuelle, ses angles supérieurs ont été arrondis, heureusement simplement repliés et non découpés. Cette modification génère néanmoins une impression de déséquilibre, une vision qui aurait sans doute déplu à Delacroix.
La décoration de la cathédrale est achevée en 1831 par le peintre Pietro Pergoli pour une somme de quatre mille francs. Cependant, elle ne correspond pas au projet initialement prévu et payé, dessiné par M. Ferroggio, l’architecte départemental de la Corse. Faute de mieux, la ville s’en accommode.
En 1846, un orgue est commandé à l’atelier Cavaillé-Coll père et fils et installé dans sa tribune en 1849. Cet instrument est restauré successivement en 1880, 1950, et 1984. Au fil du temps, la traction mécanique est remplacée par une traction électropneumatique, puis modernisée en 1984 par le facteur d’orgue Jean-Marc Cicchero, qui y ajoute un système électrique piloté par électronique.
Entre 1991 et 2002, la cathédrale Notre-Dame-de-l’Assomption bénéficie de lourds travaux de mise en sécurité. Il convient de noter qu’elle appartient et est administrée par la Collectivité de Corse, une particularité unique en France où les autres cathédrales sont gérées par l’État. Durant ces travaux, la clé de voûte est consolidée, et la toiture est entièrement refaite. Une restauration plus approfondie reste cependant à l’étude.
En 2024, une nouvelle cloche vient s’ajouter aux quatre déjà existantes. Fondue de nuit sur place à Ajaccio par l’entreprise Paccard, spécialisée dans ce domaine, elle est composée de 78 % de cuivre et 22 % d’étain. Plusieurs centaines de personnes assistent à cette fabrication spectaculaire.
À l’occasion de la visite pastorale du pape François en décembre 2024, les façades couleur terre de Sienne de la cathédrale sont restaurées en urgence, accompagnées de divers aménagements visant à se préparer pour cet événement d’envergure.
« La Vierge du Sacré-Cœur » et « La Liberté guidant le Peuple » - Tableaux d'Eugène Delacroix.
Domaine Public.