XVe / 1470 / Castello-di-Rostino – Église Saint-Thomas de Pastoreccia

 

Castello di Rostino - Église Saint-Thomas de Pastoreccia (oct. 2022). Photos © François Fiette.

 

Coordonnées GPS :Altitude (données GPS) : ± 585 m.

42.469627, 9.312942 ou 42°28'10.7"N 9°18'46.6"E

Adresse : Bindalaccio, 20235 Castello-di-Rostino. Inscrite/Classée Monument Historique : Oui.

 

Le site

L'église isolée est située sur un promontoire au milieu d'un cimetière. Le stationnement est facilité par un petit parking acceptant une demi-douzaine de véhicules. Elle a entièrement été réhabilitée.

Belle vue panoramique sur les montagnes environnantes et la vallée du Golo.

 

Un peu d’histoire

Édifiée dans les années 1470, cette église de schiste est de style roman. Des éléments de construction laissent penser que certaines parties datent du VIIe siècle. La porte, simple, sur la façade sud est surmontée d’un tympan sur lequel est gravé en latin le texte suivant : « le 22 juin 1470, dédiée à Saint Thomas Major, seigneur sauveur des hommes ».

En 1933, la restauration de l’église est lancée. Un architecte des Monuments Historiques la supervise. S’en suit l’effondrement de la charpente. Le reste de la démolition s’effectue alors par… dynamitage ! Une partie de l’église disparaît alors (1/3 de sa longueur).

On peut encore voir l’ancien mur affleurant entre les tombes, éloigné de l’actuel refait. Les dimensions de l’édifice ont été réduites et sa façade occidentale originelle a disparue. La largeur de la nef a été divisée par deux ! On ne soulignera jamais assez les bienfaits de la dynamite lors de la « restauration » de bâtiments déjà fragilisés…

Les vestiges de cette église, couverte de lauzes et sans clocher, ont ensuite été soigneusement préservés. Elle a bénéficié d’une restauration récente complète.

En 2001, lors de travaux effectués à l’intérieur de l’église, un reliquaire fut découvert dissimulé dans le maître autel. Depuis, il est jalousement conservé. Il date du XVe siècle et contient une molaire et deux canines attribuées à Saint-Thomas. L’objet est maintenant visible derrière une vitre blindée à l’intérieur de l’autel. La niche le recevant a été réalisée par un artisan romain spécialisé. Le reliquaire appartenait à Antonius Bonumbra, évêque de la pieve d’Accia. Celle-ci fut créée de toute pièce, en surnombre, pour que Gênes et Pise aient le même nombre de pieve alors que ces deux puissances se disputaient la domination de la Corse. Antonius Bonumbra eut un rôle historique lorsqu’il maria à Moscou la fille du dernier empereur de Byzance.

Peu de lumière anime l’intérieur, propice au recueillement. Des fresques magnifiques ornent les murs dépouillés dont l’une évoque l’enfer, ce qui est très rare. Elles ont été restaurées en 2022 par Vittoria Giartosio, restauratrice romaine. Elles sont exceptionnelles et représentent à elles seules toute la valeur historique de cette église. Le regard du Christ y est particulièrement direct et émouvant. Ces fresques ont pu être réhabilitées grâce à la découverte d’une photo datant de 1930 qui a révélé des détails jusque-là inconnus.

L'église est classée Monument Historique depuis 1927. Elle possède une ancienne Arca, c’est-à-dire une fosse commune située sous l’église elle-même. Ce type de sépulture fut définitivement interdit en 1811 par décret. Indigents et certains membres du clergé y étaient inhumés antérieurement.