XIXe / 1894 / Ajaccio – Grand Hôtel (Collectivité Territoriale)
Ajaccio - Grand Hôtel (août 2023). Photo © François Fiette.
Coordonnées GPS : Altitude (données GPS) : ± 15 m.
41.918753, 8.732548 ou 41°55'07.5"N 8°43'57.2"E
Adresse : 22, Cours Grandval, 20000 AJACCIO.
Inscrit/Classé Monument Historique : Oui, partiellement (depuis 1992 pour les jardins).
Le site
Les visites des magnifiques jardins sont possibles durant les journées du patrimoine. Cet édifice est un diamant enchâssé dans une émeraude. Voir, si besoin, « Le stationnement à Ajaccio ».
Un peu d’histoire
Actuellement siège de la Collectivité de Corse, le Grand Hôtel constitue un édifice remarquable, conçu par l’architecte Barthélemy Maglioli entre 1894 et 1896, sur les plans préalablement établis par Edouard Houston, un architecte britannique établi à Cannes, réputé pour ses réalisations de grands palaces sur la Riviera. Les jardins, s’étendant sur une superficie de 12 000 m², ont été dessinés avec soin par le paysagiste lyonnais Charles Peyrouse. À l’époque, Barthélemy Maglioli occupait le poste d’architecte de la ville d’Ajaccio. On lui attribue plusieurs œuvres notables, telles que le premier immeuble Orazzi de style Art déco sur le boulevard du Roi Jérôme, le beffroi de l’Hôtel de Ville, ainsi que la restructuration urbaine d’Ajaccio à la fin du XVIIIe siècle et au début du XXe.
Le bâtiment a été érigé sur un terrain cédé par le comte Forcioli-Conti, ancien maire d’Ajaccio, afin de répondre au déficit d’établissements hôteliers de luxe à cette époque. Dès 1896, le Grand Hôtel a intégré à son fonctionnement l’annexe de l’Hôtel Germania, qui proposait alors une vie élégante et confortable à des tarifs abordables. Ce dernier sera renommé « Grand Hôtel d’Ajaccio et Continental », portant la capacité de l’établissement de 100 à 130 chambres. Aujourd’hui, cet édifice monumental bénéficie d’un classement partiel au registre des Monuments Historiques, garantissant ainsi la préservation de son architecture et de ses jardins.
L’édifice se distingue par une architecture à la fois esthétique, fonctionnelle et spacieuse. Toutes les fenêtres sont orientées vers le sud, maximisant ainsi la lumière naturelle. Les détails décoratifs, minutieusement travaillés, incluent des corniches et des frontons qui ornent la façade. Les espaces intérieurs, tels que les salons et les colonnades, sont conçus dans des proportions monumentales, tandis que la salle à manger se démarque par son caractère somptueux. Les décors d’époque présents dans la salle de bal témoignent du raffinement de l’époque. Les jardins, répartis sur douze mille mètres carrés, regroupent des espèces botaniques classées selon leurs besoins en eau, offrant ainsi une représentation paysagère de diverses zones géographiques mondiales. Ce travail minutieux témoigne de l’expertise des jardiniers, véritables ingénieurs du végétal.
À la fin du XIXe siècle et au début du XXe, le Grand Hôtel attirait une clientèle fortunée, principalement britannique, en quête de luxe, de soleil ou d’un climat favorable à leur santé. Ce lieu offrait à ses hôtes une expérience de séjour empreinte d’opulence et de sérénité. Chaque détail était soigneusement conçu pour répondre aux attentes des visiteurs les plus exigeants.
Cet établissement prestigieux accueillait alors une élite cosmopolite, notamment durant la saison hivernale. Parmi ses visiteurs, on comptait des personnalités illustres telles que des princes, des barons autrichiens et français, ainsi que François-Joseph Ier, Empereur d’Autriche et Roi de Hongrie, accompagné de son épouse Élisabeth de Bavière plus connue sous le nom de Sissi Impératrice. Des figures artistiques telles que l’écrivain Joseph Conrad ont également marqué de leur présence cet espace d’exception. Ce lieu était un havre où les préoccupations géopolitiques de l’époque semblaient suspendues, laissant place à une atmosphère de légèreté et d’insouciance.
Cependant, la Première Guerre mondiale mit un terme à cette ère de faste et de douceur de vivre. Les horreurs du conflit firent disparaître les orchestres, les festivités, et les prestations hôtelières raffinées qui caractérisaient le Grand Hôtel.
Durant la guerre, l’hôtel fut transformé en hôpital pour accueillir les blessés nécessitant des soins de longue durée, avant de devenir un refuge pour les exilés politiques. En 1943, après la libération de la ville d’Ajaccio, il rouvrit ses portes pour fonctionner jusqu’aux années 1970. Par la suite, il fut brièvement utilisé comme caserne pour les CRS, avant que son attribution à la Collectivité Territoriale de Corse (devenue Collectivité de Corse en 2018) ne soit progressivement actée à partir des années 1990.