Ancien Lazaret d’Aspretto, Ajaccio (juin 2023). Photo © François Fiette.

Coordonnées GPS : Altitude (données GPS) : ± 8 m. 

41.928277, 8.758863 ou 41°55'41.8"N 8°45'31.9"E

Adresse : Aspretto, 20090 Ajaccio. Inscrit/Classé Monument Historique : Oui.

 Le site

Il est éloigné du centre-ville. Difficile, voire impossible de stationner face à l’ancien lazaret. Il vous faudra emprunter une petite voie latérale adjacente qui vous conduira derrière. Là, vous pourrez facilement trouver à vous garer. La belle plage d’Aspretto est à vos pieds.

Le site est de nos jours un domicile privé, une galerie d’art et un lieu d’évènements festifs. L’ensemble est visitable lors des « Journées du Patrimoine ». La mairie d’Ajaccio est nu-propriétaire d’une partie du site qui reste publique.

Un peu d’histoire

L’idée de créer un lazaret à Ajaccio (un établissement dédié au contrôle et à l’isolement des voyageurs présentant un risque de maladies contagieuses) remonte aux cahiers de doléances de 1789. Cette demande visait à « épargner les frais et éviter un voyage plus long vers Livourne ou Gênes ». En 1790, les doléances se renforcent, évoquant « l’impossibilité d’obliger les gondoles des pêcheurs de corail corses, revenant des côtes d’Afrique, à effectuer leur quarantaine dans les lazarets de Provence ou d'Italie ».

Un projet complet est envisagé en 1801 pour le site d’Aspretto, mais il ne sera jamais réalisé.

En 1841, une nouvelle requête est déposée pour faciliter le transfert des malades du Corps d’Occupation en Algérie. Comme ailleurs à Ajaccio, le problème crucial est l’approvisionnement en eau, et l’utilisation d’une citerne spécifique est alors envisagée.

La construction du bâtiment s’étend de 1843 à 1848, mais les fonds manquent cruellement, au point que les portes et fenêtres ne peuvent être posées !

En 1845, l’État prend les choses en main : le préfet est chargé de superviser les travaux. L’architecte de la ville, Lottero, est remplacé par Cottin, architecte du département. Plusieurs malfaçons sont relevées et corrigées. Une réception provisoire des travaux a lieu en 1847, mais lors d’une visite de conformité, on découvre que le lazaret a été transformé en écurie et en entrepôt. Plusieurs personnes y ont même installé des ateliers. Le préfet ordonne leur expulsion, et la réception finale des travaux est finalement actée en 1848.

En 1860 et 1861, le lazaret accueille des détenus ayant participé à la construction de la route impériale. Puis, en 1886, il est utilisé lors d’une épidémie de choléra.

Au fil du temps, le lazaret d’Aspretto est de moins en moins sollicité, les établissements de Marseille et de Toulon étant jugés suffisants pour répondre aux besoins maritimes. La présence d’un directeur et d’un médecin devient non permanente, l’entretien des lieux étant assuré uniquement par un gardien.

En 1945, deux religieuses prennent en charge une trentaine de malades face à la menace d’une épidémie de peste bubonique.

En 1960, un établissement nommé « Bar des Amis » s’installe brièvement dans les locaux du lazaret.

Entre 1975 et 1977, l’ensemble des constructions est inscrit au titre de Monument Historique.

Vendu au groupe « Ollandini » en 1996, le site est réhabilité en un lieu mêlant résidence, expositions, mécénat et devient également le « Musée Marc-Petit », en hommage au sculpteur contemporain. Cependant, depuis les années 2020, les manifestations culturelles y sont devenues rares. Les nouvelles normes de sécurité interdisent les grands rassemblements, en raison de la largeur insuffisante des portes du patio.