En 1629, Paolo Emilio Pozzo di Borgo, colonel d’un régiment corse du Saint-Siège, fit édifier un mausolée sur ce site. Il y fut inhumé, comme en témoigne une plaque de marbre située sur le parvis. Plus tard, la "Chapelle des Grecs" fut construite sur ces lieux. Cette chapelle se trouve au début de la route des Sanguinaires.

La "Chapelle des Grecs" doit son nom à une colonie grecque de 600 personnes, qui, fuyant les persécutions ottomanes au XVIIe siècle, trouva refuge en Corse. En 1731, les bergers corses de Vico, exaspérés par un long contentieux, expulsèrent cette communauté. Les terres cultivées par les Grecs furent alors récupérées par les Corses, qui avaient auparavant été spoliés en 1676 par les Génois. Ces derniers avaient arbitrairement attribué ces terrains aux Grecs, ignorant les droits des Corses. Les tensions furent exacerbées par la richesse des Grecs et leur fidélité envers Gênes, qui les avait sauvés du joug ottoman, attisant les rancunes dans le contexte troublé des guerres d’indépendance corses.

Une fois les ressentiments apaisés, la colonie grecque regagna Cargèse sous la protection des armées du roi Louis XV et du comte de Marbeuf.

Napoléon Bonaparte et son frère Joseph aimaient se promener aux abords de la chapelle avant de poursuivre leur balade le long de la mer. Un extrait des « Mémoires du Roi Joseph » évoque ces moments, immortalisés par une plaque sur l’un des murs de la chapelle :

« Nos promenades journalières avec Napoléon se prolongeaient sur le rivage de la mer, bien au-delà de la chapelle des Grecs, en longeant un golfe aussi beau que celui de Naples, dans un pays embaumé par les exhalaisons des myrtes et des orangers. Nous ne rentrions quelquefois qu’à la nuit close. »

En 1775, la chapelle revint au rite catholique. Elle abrite aujourd’hui des ex-voto de pêcheurs de corail. Les rites orthodoxes n’y sont plus célébrés.

En 1818, le général Pascal-Antoine Fiorella, officier des armées napoléoniennes, y fut inhumé après que ses sœurs eurent fait restaurer la chapelle, alors en ruine. Aujourd’hui, la chapelle appartient à la commune et est classée Monument Historique.